Fermer X
Se connecter
Mot de passe oublié
Vous êtes avocats ?
Inscrivez-vous gratuitement
10 mises en relation offertes
Créer mon compte avocat
Fiche pratique rédigée par Maître Nathan BENZACKEN
Maître BENZACKEN

Fraude bancaire par téléphone : la justice renforce la protection des clients

Banque et crédit / Fraude / Par Maître BENZACKEN, Avocat, Publié le 25/10/2024 à 17h14
113
partages

Dans une décision importante du 23 octobre 2024, la Cour de cassation s'est prononcée sur la responsabilité des titulaires de comptes en cas de fraude bancaire. L'arrêt met en avant les limites de la "négligence grave" de l'article L. 133-19 du Code monétaire et financier, dans des situations où le fraudeur utilise le "spoofing" (usurpation d'identité) téléphonique pour se faire passer pour un employé de banque. La décision offre ainsi un éclairage pour les victimes de fraudes de plus en plus sophistiquées et permet de rappeler les critères pris en compte pour prouver une "négligence grave" face à une opération non autorisée. Cet arrêt souligne que la négligence du titulaire doit s'apprécier en tenant compte du contexte et donc de la crédibilité apparente de la situation.

Trouvez votre avocat droit bancaire
Premier rendez-vous gratuit

Les faits : un stratagème de fraude sophistiqué

En 2019, M. J., client de la BNP Paribas, subit une fraude bancaire pour un montant de 54 500 euros. Un individu, se faisant passer pour un préposé de la banque, contacte M. J. par téléphone. L'appelant affiche le numéro de la conseillère bancaire, usurpé par un procédé de "spoofing", qui simule l'identité d'une autre personne. Lors de cet appel, le fraudeur persuade M. J. de supprimer puis réenregistrer certains bénéficiaires de virement sur son compte pour, selon lui, " éviter des opérations malveillantes ". Utilisant le dispositif de sécurité de la banque, M. J. valide ces ajouts, ignorant qu'il facilite ainsi les virements frauduleux.

Après avoir découvert les opérations non autorisées, M. J. contacte immédiatement sa banque et demande le remboursement de la somme perdue. BNP Paribas refuse, invoquant une "négligence grave" de M. J. pour avoir validé des opérations sans vérification plus poussée.

En première instance, puis en appel, la question se pose de savoir si M. J. a effectivement commis une "négligence grave" en validant les opérations demandées par le fraudeur. BNP Paribas soutient que, malgré le "spoofing", le client aurait dû détecter des signes de fraude. Selon la banque, la vérification de l'identité de l'appelant et l'examen critique des instructions reçues auraient dû alerter M. J. sur la situation.

La cour d'appel de Versailles juge cependant que la situation de M. J. ne peut être assimilée à une "négligence grave" et condamne BNP Paribas à rembourser les pertes subies. La cour retient que M. J. a été trompé par un dispositif de sécurité bancaire et un numéro téléphonique crédible, justifiant une moindre vigilance de sa part. BNP Paribas conteste cette décision devant la Cour de cassation, arguant que la validation par M. J. des ajouts de bénéficiaires constitue une faute manifeste, et donc une négligence grave.

Le pourvoi devant la Cour de cassation

BNP Paribas introduit un pourvoi en cassation, contestant la décision d'appel et cherchant à démontrer que la négligence de M. J. était caractérisée. La banque plaide qu'un client normalement prudent aurait pu se méfier du processus imposé par téléphone pour éviter les fraudes. BNP Paribas reproche également à la cour d'appel de ne pas avoir tiré les conséquences légales des faits relevés et considère que le jugement a omis d'apprécier correctement le manque de vigilance de M. J.

La décision de la Cour de cassation

La Cour de cassation rejette le pourvoi de BNP Paribas et confirme que les faits ne permettent pas de caractériser une "négligence grave" de la part de M. J. La Cour indique indirectement que pour imputer une négligence grave à un client, la banque doit démontrer des faits établissant un comportement anormalement imprudent ou peu vigilant, même face à une fraude sophistiquée.

La Cour souligne que M. J. a été induit en erreur par le "spoofing", une technique avancée qui a légitimement inspiré confiance au titulaire du compte. Selon elle, ce dispositif de fraude ne permettait pas à M. J. de déceler des anomalies facilement. Par conséquent, la sécurité apparente de l'appel et la crédibilité de la démarche opérée par le fraudeur suffisent à exclure toute imprudence grave imputable au client: "le mode opératoire par l'utilisation du " spoofing " a mis M. [J] en confiance et a diminué sa vigilance".

Conditions légales de contestation d'une opération non autorisée

Selon l'article L. 133-19 du Code monétaire et financier, le titulaire d'un compte peut contester une opération non autorisée auprès de sa banque en prouvant son absence de négligence grave. La banque, pour refuser le remboursement, doit prouver que la victime a contribué, par un comportement imprudent, à la fraude. Les situations qui peuvent constituer une négligence grave comprennent généralement la communication de codes de sécurité ou la validation d'opérations sans vérification. Cependant, la Cour rappelle que chaque situation est unique et doit être évaluée en tenant compte de l'ensemble des circonstances.

La notion de "négligence grave" : une appréciation au cas par cas

L'arrêt du 23 octobre 2024 rappelle que l'appréciation de la "négligence grave" repose sur les faits spécifiques. La fraude bancaire devient de plus en plus sophistiquée, et les clients, même vigilants, peuvent être trompés par des procédés complexes et réalistes. La Cour de cassation établit que la prudence d'un client ne saurait être exigée au-delà du raisonnable, particulièrement lorsque les moyens de fraude employés dépassent les capacités de détection d'une personne non experte.

L'impact de la décision

Cet arrêt marque un tournant dans la protection des clients bancaires en cas de fraude par "spoofing". En écartant la négligence grave en l'absence de signes évidents d'alerte, la Cour crée une jurisprudence favorable aux victimes de fraudes avancées, renforçant ainsi leurs droits face aux établissements bancaires. La décision incite les banques à renforcer leurs propres mesures de sécurité pour limiter les fraudes et ne plus uniquement en reporter la responsabilité sur leurs clients.

En conclusion, la décision du 23 octobre 2024 rappelle que la notion de "négligence grave" exige des preuves substantielles et que les banques doivent assumer leur rôle de sécurité. Les clients victimes de fraudes sophistiquées peuvent désormais espérer une reconnaissance accrue de leur situation dans les litiges contre leurs établissements bancaires.

Fiche pratique rédigée par Maître Nathan BENZACKEN
Maître BENZACKEN
Une question en droit bancaire ?
Nos avocats vous répondent gratuitement
83%de réponse
Aller plus loin
L'utilisateur de service de paiement qui conteste être à l'origine d'une opération bancaire (fraude) dispose d'un délai de 13 mois non seulement pour signaler ladite opération...
Ma compagne étant placé sous curatelle renforcer, nous aimerions ouvrir un compte bancaire en commun mais nous ne savons pas si cela es possible ou non et quel droit...
Fraude bancaire par téléphone : la justice renforce la protection des clients · escroquerie bancaire et "spoofing" téléphonique : voici comment réagir · fraude...
Une question en droit bancaire ?
Des avocats vous répondent gratuitement sur Alexia.fr
Posez votre question

Questions résolues

En juin 2020.. alors que je n'est jamais reçu le moindre courrier... un huissier de justice à saisi sur mon compte la somme de 3600 euros alors que c'…
Résolue par Maître BELIGHA
Depuis quelques jours je suis harcelé par la société eos france pour une dette d'un montant de plus de 10.000€ à la suite d'un non…
Résolue par Maître BELIGHA
Je viens d'apprendre mon fichage par lcl à la banque de france. n'en comprenant pas la raison, j'ai envoyé un courrier recommandé à…
Résolue par Maître LUCCISANO
J'ai recu le 30 novembre un avis de passage (dans ma boite a lettres alors que j'etais chez moi ) d'un huissier de justice ,une…
Résolue par Maître ROY
J'ai fait une demande de prêt auprès de ma banque qui me l'a accordé, en me renvoyant un dossier afin de valider une date de déblocage…
Résolue par Maître CISSE

Avocats les plus actifs

1
Maître YVAN BELIGHA
Maître YVAN BELIGHA
44 problèmes résolus*
2
Maître Maturin PETSOKO
Maître Maturin PETSOKO
11 problèmes résolus*
3
Maître GEOFFROY BALONGA
Maître GEOFFROY BALONGA
4 problèmes résolus*
4
Maître Arnaud FITTE
Maître Arnaud FITTE
2 problèmes résolus*
5
Maître Ariel DAHAN
Maître Ariel DAHAN
2 problèmes résolus*

* Durant les 60 dernièrs jours

Continuer sans accepter
Votre choix concernant les cookies
Nous utilisons des cookies pour optimiser les fonctionnalités du site et vous offrir la meilleure expérience possible.
Réglage personnalisé
Accepter
Nécessaire
Les cookies nécessaires contribuent à rendre un site web utilisable en activant des fonctions de base comme la navigation de page et l'accès aux zones sécurisées du site web. Le site web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies.
Marketing
Les cookies marketing sont utilisés pour effectuer le suivi des visiteurs au travers des sites web. Le but est d'afficher des publicités qui sont pertinentes et intéressantes pour l'utilisateur individuel et donc plus précieuses pour les éditeurs et annonceurs tiers.
Liste des cookies marketing utilisés :
En savoir plusGoogle Analytics
_gat* | __utm* | _ga* | _gid
Avec Google Analytics, nous mesurons comment vous utilisez nos sites, comment vous avez trouvé notre site et si vous rencontrez des erreurs. Nous utilisons ces données pour améliorer notre site.
Maximum 12 mois
En savoir plusGoogle Tag Manager
_dc_gtm_UA* | _gcl*_sc*
Avec Google Tag Manager, nous pouvons placer et gérer d'autres cookies sur le site web.
Maximum 12 mois
En savoir plusGoogle Ads
_dc_gtm_UA* | _gcl*_sc*
Ces cookies gardent la trace des pages que vous consultez. Cela nous permet de vous montrer des annonces pertinentes sur Google et ses partenaires et de mesurer l'efficacité de nos campagnes.
Maximum 3 mois
MSCC | MUID | MUIDB | SRCHD | SRCHHPGUSR | SRCHUID | SRCHUSR | _uetsid
Ces cookies gardent la trace des pages que vous consultez. Cela nous permet de vous montrer des annonces pertinentes sur Bing et ses partenaires et de mesurer l'efficacité de nos campagnes.
Maximum 3 mois
_fbp* | _fbc*
Ces cookies permettent d’afficher des annonces publicitaires personnalisées (ciblage et reciblage publicitaire), mesurer l’efficacité de nos campagnes Facebook et analyser le fonctionnement du site.
Maximum 3 mois
Paramétrer les cookies
Enregistrer