Il s'agit d'une\u00a0confirmation de jurisprudence\u00a0(CE 6-11-2013 n\u00b0 349245, Goin : BPIM 1/14 inf. 58). En cassant le jugement pour le motif indiqu\u00e9, le Conseil d'Etat para\u00eet r\u00e9server la possibilit\u00e9 pour le maire de prescrire dans le cadre de la proc\u00e9dure de p\u00e9ril imminent la\u00a0d\u00e9molition de certains \u00e9l\u00e9ments\u00a0du b\u00e2timent, pr\u00e9sentant un risque imm\u00e9diat pour la s\u00e9curit\u00e9. En revanche, une mesure de\u00a0d\u00e9molition partielle\u00a0mais portant sur une partie substantielle du b\u00e2timent, de m\u00eame qu'une mesure de\u00a0d\u00e9molition totale,\u00a0ne pourrait \u00eatre ordonn\u00e9e que dans le cadre de la proc\u00e9dure de p\u00e9ril ordinaire pr\u00e9vue par l'article L 511-2 du CCH, qui comporte de meilleures garanties pour le propri\u00e9taire, ou en cas d'extr\u00eame urgence sur le fondement des pouvoirs de police g\u00e9n\u00e9rale, qui permettent la d\u00e9molition par les services communaux \u00e0 bref d\u00e9lai mais ne permettent la r\u00e9cup\u00e9ration des frais sur le propri\u00e9taire que dans le cadre d'une action r\u00e9cursoire devant le juge civil, si sa n\u00e9gligence est \u00e0 l'origine du p\u00e9ril.
\u00a0
1. Consid\u00e9rant qu'il ressoudes pi\u00e8ces du dossier soumis aux juges du fond que, par un arr\u00eat\u00e9 du 3\u00a0octobre 2005, le maire de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) a d\u00e9clar\u00e9 en \u00e9tat de p\u00e9ril inimihent un b\u00e2timent situ\u00e9 sur le territoire de cette commune, 22 rue Saint-Jean, alors propri\u00e9t\u00e9 indivise de M.\u00a0L.\u00a0P. et de sa soeur, et a mis ceux-ci en demeure de r\u00e9aliser des travaux de mise en s\u00e9curit\u00e9 consistant en la d\u00e9molition du dernier \u00e9tage et des combles de ce b\u00e2timent\u00a0; que les consorts P. n'ayant pas r\u00e9alis\u00e9 les travaux dans le d\u00e9lai prescrit, le maire de la commune de Boulogne-sur-Mer y a fait proc\u00e9der d'office\u00a0; qu'il a ensuite \u00e9mis \u00e0 leur encontre, les 16\u00a0f\u00e9vrier 2006 et 18 avril 2008, deux titres ex\u00e9cutoires d'un montant de 331,17 euros et 42\u00a0089,90 euros correspondant respectivement aux frais d'insertion dans la presse de l'appel \u00e0 concurrence en vue de la r\u00e9alisation des travaux et au co\u00fbt des travaux euxm\u00eames\u00a0; que M.\u00a0P. et Me R., mandataire charg\u00e9 de la liquidation judiciaire de M.\u00a0P., ont demand\u00e9 au tribunal administratif de Lille d'annuler ces titres ex\u00e9cutoires\u00a0; que M.\u00a0P. se pourvoit en cassation contre le jugement du 21\u00a0juillet 2011 par lequel le tribunal a rejet\u00e9 cette demande\u00a0;
2. Consid\u00e9rant qu'aux termes du 1 de l'article L\u00a0511-2 du code de la construction et de l'habitation dans sa r\u00e9daction applicable au litige\u00a0: \u00ab\u00a0Le maire, \u00e0 l'issue d'une proc\u00e9dure contradictoire dont les modalit\u00e9s sont d\u00e9finies par d\u00e9cret en Conseil d'Etat, met le propri\u00e9taire de l'immeuble mena\u00e7ant ruine, et le cas \u00e9ch\u00e9ant les personnes mentionn\u00e9es au premier alin\u00e9a de l'article L\u00a0511-1-1, en demeure de faire dans un d\u00e9lai d\u00e9termin\u00e9, selon le cas, les r\u00e9parations n\u00e9cessaires pour mettre fin durablement au p\u00e9ril ou les travaux de d\u00e9molition ()\u00a0\u00bb\u00a0; que le IV du m\u00eame article dispose que\u00a0: \u00ab\u00a0 Lorsque l'arr\u00eat\u00e9 de p\u00e9ril n'a pas \u00e9t\u00e9 ex\u00e9cut\u00e9 dans le d\u00e9lai fix\u00e9, le maire met en demeure le propri\u00e9taire d'y proc\u00e9der dans un d\u00e9lai qu'il fixe et qui ne peut \u00eatre inf\u00e9rieur \u00e0 un mois. /A d\u00e9faut de r\u00e9alisation des travaux dans le d\u00e9lai imparti, le maire, par d\u00e9cision motiv\u00e9e, fait proc\u00e9der d'office \u00e0 leur ex\u00e9cution. H peut \u00e9galement faire proc\u00e9der \u00e0 la d\u00e9molition prescrite, sur ordonnance du juge statuant en la forme des r\u00e9f\u00e9r\u00e9s, rendue \u00e0 sa demande ()\u00a0\u00bb\u00a0; qu'aux termes de l'article L\u00a0511-3 du m\u00eame code\u00a0: \u00ab\u00a0En cas de p\u00e9ril imminent, le maire, apr\u00e8s avertissement adress\u00e9 au propri\u00e9taire, demande \u00e0 la juridiction administrative comp\u00e9tente la nomination d'un expert qui, dans les vingt-quatre heures qui suivent sa nomination, examine les b\u00e2timents, dresse constat de l'\u00e9tat des b\u00e2timents mitoyens et propose des mesures de nature \u00e0 mettre fin \u00e0 l'imminence du p\u00e9ril s'il la constate. / Si le rapport de l'expert conclut \u00e0 l'existence d'un p\u00e9ril grave et imminent, le maire ordonne les mesures provisoires n\u00e9cessaires pour garantir la s\u00e9curit\u00e9, notamment, l'\u00e9vacuation de l'immeuble. /Dans le cas o\u00f9 ces mesures n'auraient pas \u00e9t\u00e9 ex\u00e9cut\u00e9es dans le d\u00e9lai imparti, le maire les fait ex\u00e9cuter d'office. En ce cas, le maire agit en lieu et place des propri\u00e9taires, pour leur compte et \u00e0 leurs frais ()\u00a0\u00bb\u00a0;
3. Consid\u00e9rant qu'il r\u00e9sulte de ces dispositions que, si le maire peut ordonner la d\u00e9molition d'un immeuble en application des dispositions de l'article L\u00a0511-2 du code de la construction et de l'habitation, apr\u00e8s accomplissement des formalit\u00e9s qu'il pr\u00e9voit, il doit, lorsqu'il agit sur le fondement de l'article L\u00a0511-3 afin de faire cesser un p\u00e9ril imminent, se borner \u00e0 prescrire les mesures provisoires n\u00e9cessaires pour garantir la s\u00e9curit\u00e9\u00a0; qu'en pr\u00e9sence d'une situation d'extr\u00eame urgence cr\u00e9ant un p\u00e9ril particuli\u00e8rement grave et imminent qui exige la mise en oeuvre imm\u00e9diate d'une mesure de d\u00e9molition, le maire ne peut l'ordonner que sur le fondement des pouvoirs de police g\u00e9n\u00e9rale qu'il tient des dispositions des articles L\u00a02212-2 et L\u00a02212-4 du code g\u00e9n\u00e9ral des collectivit\u00e9s territoriales\u00a0;
4. Consid\u00e9rant que, pour \u00e9carter le moyen tir\u00e9 de ce que l'arr\u00eat\u00e9 de p\u00e9ril du 3 octobre 2005 avait ill\u00e9galement prescrit la d\u00e9molition du dernier \u00e9tage et des combles du b\u00e2timent appartenant \u00e0 M.\u00a0P., le tribunal s'est born\u00e9 \u00e0 relever qu'il n'\u00e9tait pas contest\u00e9 que cette mesure \u00e9tait seule de nature \u00e0 mettre fin au p\u00e9ril\u00a0; qu'en statuant ainsi, sans rechercher si ces travaux de d\u00e9molition d'un \u00e9tage et des combles du b\u00e2timent n'exc\u00e9daient pas les mesures que le maire pouvait l\u00e9galement ordonner sur le fondement de l'article L\u00a0511-3 du code de la construction et de l'habitation, le tribunal a commis une erreur de droit\u00a0; que, par suite, son jugement doit \u00eatre annul\u00e9 \u00a0;
5. Consid\u00e9rant qu'il y a lieu, dans les circonstances de l'esp\u00e8ce, de r\u00e9gler l'affaire au fond en application des dispositions de l'article L\u00a0821-2 du code de justice administrative\u00a0:
6. Consid\u00e9rant que la cl\u00f4ture de la proc\u00e9dure de liquidation judiciaire dont faisait l'objet M.\u00a0P. est intervenue le 17\u00a0mars 2009\u00a0; que la demande que Me R. a pr\u00e9sent\u00e9e conjointement avec M.\u00a0P. a \u00e9t\u00e9 introduite devant le tribunal administratif le 3\u00a0juillet 2009\u00a0; qu'\u00e0 cette date, Me R. n'avait plus qualit\u00e9 pour agir au titre de la proc\u00e9dure de liquidation judiciaire\u00a0; que, par suite, les conclusions de la demande, en tant qu'elles \u00e9manent de Me R., sont irrecevables et ne peuvent qu'\u00eatre rejet\u00e9es \u00a0;
Sur l'exception tir\u00e9e de l'ill\u00e9galit\u00e9 de l'arr\u00eat\u00e9 de p\u00e9ril\u00a0:
7. Consid\u00e9rant qu'il r\u00e9sulte de l'instruction que l'arr\u00eat\u00e9 de p\u00e9ril du 3\u00a0octobre 2005, qui a \u00e9t\u00e9 r\u00e9guli\u00e8rement notifi\u00e9 \u00e0 M.\u00a0P. avec l'indication des voies et d\u00e9lais de recours, \u00e9tait devenu d\u00e9finitif \u00e0 la date \u00e0 laquelle M.\u00a0P. a excip\u00e9 de l'ill\u00e9galit\u00e9 de la proc\u00e9dure de p\u00e9ril\u00a0; que, par suite, cette exception d'ill\u00e9galit\u00e9 est irrecevable \u00a0;
Sur les autres moyens soulev\u00e9s contre les titres ex\u00e9cutoires litigieux\u00a0:
8. Consid\u00e9rant que les informations port\u00e9es sur les titres ex\u00e9cutoires litigieux ne comportent aucune contradiction qui justifierait leur annulation\u00a0;
9. Consid\u00e9rant que le juge saisi d'un recours dirig\u00e9 contre un titre ex\u00e9cutoire doit se prononcer au vu des circonstances de droit et de fait existant \u00e0 la date de sa d\u00e9cision\u00a0; qu'il r\u00e9sulte de l'instruction que, par un jugement du 17\u00a0mars 2009, le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer a prononc\u00e9 la cl\u00f4ture pour extinction du passif des op\u00e9rations de la liquidation judiciaire de M.\u00a0P.\u00a0; que, par suite, \u00e0 la date de la pr\u00e9sente d\u00e9cision, M.\u00a0P. a recouvr\u00e9 l'enti\u00e8re ma\u00eetrise des droits et actions concernant son patrimoine\u00a0; qu'ainsi, la circonstance que ces titres aient \u00e9t\u00e9 \u00e9mis \u00e0 son encontre alors que la proc\u00e9dure de liquidation judiciaire n'avait pas encore \u00e9t\u00e9 cl\u00f4tur\u00e9e n'est pas de nature \u00e0 en justifier l'annulation\u00a0;
10. Consid\u00e9rant que les titres litigieux sont \u00e9trangers \u00e0 la proc\u00e9dure d'abandon manifeste poursuivie par la commune\u00a0; que les moyens tir\u00e9s de l'ill\u00e9galit\u00e9 de cette proc\u00e9dure sont, par suite, inop\u00e9rants\u00a0;
11. Consid\u00e9rant qu'il r\u00e9sulte de ce qui pr\u00e9c\u00e8de que M.\u00a0P. n'est pas fond\u00e9 \u00e0 demander l'annulation des titres ex\u00e9cutoires qu'il conteste\u00a0;
12. Consid\u00e9rant qu'il n'y a pas lieu, dans les circonstances de l'esp\u00e8ce, de faire droit aux conclusions pr\u00e9sent\u00e9es par la commune de Boulogne-sur-Mer au titre des dispositions de l'article L\u00a0761-1 du code de justice administrative\u00a0; que les m\u00eames dispositions font obstacle \u00e0 ce qu'une somme soit mise \u00e0 ce titre \u00e0 la charge de la commune de Boulogne-sur-Mer qui n'est pas, dans la pr\u00e9sente instance, la partie perdante \u00a0;
D\u00e9cide\u00a0:
Article 1er\u00a0: Le jugement du tribunal administratif de Lille du 21\u00a0juillet 2011 est annul\u00e9.
Article 2\u00a0: La demande pr\u00e9sent\u00e9e par M.\u00a0P. et Me R. devant le tribunal administratif de Lille est rejet\u00e9e.
Article 3\u00a0: Les conclusions pr\u00e9sent\u00e9es par M.\u00a0P. et par la commune de Boulogne-sur-Mer au titre des dispositions de l'article L\u00a0761-1 du code de justice administrative sont rejet\u00e9es.
Article 4\u00a0: La pr\u00e9sente d\u00e9cision sera notifi\u00e9e \u00e0 M.\u00a0L.\u00a0P., \u00e0 Me R. et \u00e0 la commune de Boulogne-sur-Mer.
\u00a0
Source : Editions Francis Lefebvre
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