Bonjour,
Votre situation est complexe, car elle mêle les conséquences d’une liquidation judiciaire à la gestion d’une copropriété exploitée sous le régime des résidences de tourisme.
Je vous propose ci-après des pistes concrètes d’action, en distinguant deux volets : la prise en charge des dégradations et la récupération effective de votre lot.
1. Sur la prise en charge des réparationsIl est légitime de refuser que la totalité des frais repose sur les copropriétaires, alors que l’exploitant a poursuivi une activité postérieurement à l’ouverture de la liquidation :
- Responsabilité du liquidateur judiciaire:Le liquidateur est responsable de la conservation de l’actif pendant la période de liquidation (C. com., art. L. 641-9). Vous pouvez lui notifier, par courrier recommandé avec AR, votre refus de prise en charge exclusive des réparations liées à une occupation post-liquidation, et exiger la mobilisation des
assurances de responsabilité civile souscrites par le liquidateur et l’ancien exploitant.
- Action en responsabilité contre le sous-locataire non autorisé: L'entreprise qui a poursuivi l’exploitation sans contrat peut engager sa responsabilité délictuelle (C. civ., art. 1240). Une action collective menée par le syndicat des copropriétaires pourrait être envisagée.
- Demande d’inscription au passif de la liquidation : Les copropriétaires ou le syndicat peuvent déclarer une créance au passif de la liquidation au titre des dommages causés, dans un délai de 2 mois à compter de la publication du jugement au BODACC (C. com., art. L. 622-24 et suivants).
- Vérification de l’assurance multirisque immeuble : Elle peut, le cas échéant, être activée pour couvrir certains dommages (notamment sur les parties communes).
2. Sur la résiliation urgente des baux et la reprise des clés - **Demande de résiliation judiciaire du bail** : En principe, le jugement de liquidation judiciaire emporte résiliation de plein droit du bail au terme d’un délai de 3 mois, sauf poursuite autorisée par le juge-commissaire (C. com., art. L. 641-12). Or, cette poursuite étant expirée, vous pouvez demander au juge-commissaire la constatation de la résiliation des baux, avec restitution immédiate des clés.
- Reprise individuelle de votre bien : Si le bail n’a pas été signé individuellement mais par le biais d’un mandat d’exploitation collectif, il est impératif que le syndicat ou une association de propriétaires se constitue partie intervenante auprès du tribunal pour obtenir collectivement la reprise des biens et l’expulsion de tout occupant sans droit ni titre.
- Absence d’indemnité d’éviction : En liquidation, aucun droit à indemnité d’éviction n’est dû sauf manœuvre frauduleuse ou clause spécifique (C. com., art. L. 641-12, al. 3), ce qui ne semble pas être le cas ici.
- Vérifier si l’exploitation était conforme à l’objet du bail : Si l’usage réel du bien s’est écarté de son objet contractuel (location saisonnière à des étudiants par un tiers), cela peut justifier une résolution judiciaire anticipée pour inexécution contractuelle (C. civ., art. 1217).
3. Recommandations complémentaires - Demander la convocation en AG d’un avocat spécialisé en procédure collective afin de représenter collectivement les intérêts des copropriétaires.
- Solliciter une mesure conservatoire ou une procédure d’expulsion en référé pour les lots encore occupés, si cela est juridiquement possible (C. pr. civ., art. 80

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- Former un collectif de copropriétaires en vue de mutualiser les démarches judiciaires et de négociation avec le mandataire.
Votre crainte que les travaux soient financés par les copropriétaires puis que le mandataire relance une exploitation est fondée, surtout si les lots restent juridiquement sous bail. Il est donc en effet URGENT d’acter la résiliation des baux et d’empêcher toute remise en location sans votre consentement exprès.
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Cordialement,