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La loi du 22 décembre 2021 a profondément revisité le régime des réductions de peine.
L'entrée en vigueur de la loi est fixée au 1er janvier 2023.
Avant, il existait le mécanisme du crédit de réduction de peine et le mécanisme du crédit de réduction de peine supplémentaire, désormais ces deux mécanismes ont été unifiés.
I. Le crédit de réduction de peine
Le crédit de réduction de peine repose sur l'idée de l'octroi automatique dès la mise sous écrou. Le principe est simple : de manière automatique, un condamné se voit octroyer des réductions pouvant aller jusqu'à :
- 3 mois par an la première année puis 2 mois par an,
- 7 jours par mois en cas de condamnation inférieure à un an ou en cas de requilat inférieur à un an (sans pouvoir dépasser 2 mois)
Ce fonctionnement a plusieurs avantages notamment celui de la récompense en arrivant en détention : en effet, ces remises de peine peuvent être supprimées ou réduites en cas de mauvaise conduite donc incitent à adopter une bonne conduite. En parallèle, cela est encourageant de connaitre sa date de libération.
II. Le crédit de réduction de peine supplémentaire
En plus du crédit de réduction de peine automatique, en cas d'efforts sérieux de réinsertion, un détenu peut se voir octroyer des crédits supplémentaires (indemnisation de la victime, suivi de soins, activités culturelles, etc.). La particularité est que le texte (désormais l'ancien article 721 du code de procédure pénale) ne visait pas le travail en détention parmi les critères pour définit les efforts sérieux de réinsertion, même s'il est évidemment possible de mettre en avant cet aspect, il n'en demeure pas moins que le travail en détention a totalement été omis par le législateur.
Le crédit supplémentaire peut permettre l'octroi d'une réduction maximum de :
- 3 mois par an en cas de condamnation supérieure à un an et 4 jours par mois en cas de condamnation inférieure à un an (ou reliquat de peine inférieur à un an) dans la limite de 3 mois.
- Pour certaines infractions (notamment terroristes), le crédit supplémentaire est limité à 2 mois par an et 2 jours par mois dans la limite de 2 mois.
3. Les réductions de peine exceptionnelles
Si le condamné a permis (avant ou après sa condamnation) de faire cesser ou d'éviter la commission d'une infraction mentionnée aux articles 706-73, 706-73-1 et 706-74 du code de procédure pénale, une remise exceptionnelle pouvant aller jusqu'au 1/3 de sa peine peut lui être accordée (sous réserve de l'absence de période de sûreté : dans ce cas, le temps d'épreuve peut être réduit à maximum 5 années).
1. Les crédits de réduction de peine
Prenons l'exemple d'une entrée en détention le 1er janvier 2020.
Exemples :
1. Vous êtes condamné à 18 mois fermes : Les crédits sont de 3 mois pour la première année et pour les 6 mois restants de 7 jours par mois (= 7x6 soit 42 jours). Vous sortirez le 19 février 2021 au lieu du 1er juillet 2021.
2. Vous êtes condamné à 9 mois fermes : Les crédits sont de 7 jours par mois soit 7x9 = 63, mais, le maximum de la réduction est de deux mois. Vous sortirez le 1er août 2020 au lieu du 1er octobre 2020.
3. Vous êtes condamné à 36 mois fermes : Les crédits sont de 3 mois pour la première année puis 2 mois pour les années suivantes soit 7 mois. Vous sortirez le 1er juin 2022 au lieu du 1er janvier 2023.
Attention : le retrait est possible en cas de mauvaise conduite !
2. Les crédits que vous pouvez obtenir, en plus, en cas de bonne conduite
Exemples :
1. Vous êtes condamné à 18 mois fermes. Nous avons vu qu'avec le crédit de réduction de peine, vous sortirez le 19 février 2021. En cas d'efforts de réinsertion :
2. Vous êtes condamné à 9 mois fermes. Nous avons vu qu'avec le crédit de réduction de peine, vous sortirez le 1er août 2020. En cas d'efforts de réinsertion :
3. Vous êtes condamné à 36 mois fermes: Nous avons vu qu'avec le crédit de réduction de peine, vous sortirez le 1er juin 2022. En cas d'efforts de réinsertion :
I. Les réductions de peine : fusion du système du crédit de réduction de peine et du crédit de réduction supplémentaire de peine
La loi met fin à l'automacité de l'octroi des réductions de peine. Désormais, le quantum de la réduction de peine est plus important mais il n'existe plus de réduction de peine supplémentaire et, l'octroi de la réduction est soumis à la bonne conduite ainsi qu'à la présentation d'efforts sérieux de réinsertion.
C'est le juge d'application des peines qui viendra se prononcer sur cet octroi de réduction de peine, 1 fois par an.
ATTENTION : les réductions de peine peuvent être retirées dans l'année suivant l'octroi en cas de mauvaise conduite du condamné.
II. Les réductions de peine exceptionnelles
La nouvelle loi ajoute un cas supplémentaire pour l'octroi de cette remise exceptionnelle : le cas d'un condamné qui permet d'éviter ou de faire cesser un trouble individuel ou collectif au sein de l'établissement pénitentiaire.
Restons sur l'exemple d'une entrée en détention le 1er janvier 2020.
Exemples :
1. Vous êtes condamné à 18 mois fermes :
2. Vous êtes condamné à 9 mois fermes :
3. Vous êtes condamné à 36 mois fermes :
En résumé, à compter du 1er janvier 2023, le quantum de réduction pouvant être accordé est bien plus favorable sous le régime général (mais plus automatique !) et bien plus défavorable pour le régime spécial.
L'automaticité disparait et de surcroît, la réduction après avoir été octroyée peut être supprimée dans l'année qui suit son octroi.
Les réductions exceptionnelles concernent des cas bien précis et n'ont fait l'objet que d'une évaluation sommaire au sein de cet article : ces remises exceptionnelles pouvant aller jusqu'au 1/3 de la peine (sous réserve de l'absence de période de sûreté) sont toujours d'actualité sous l'empire de la loi nouvelle et un cas a été ajouté.
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