48 partages |
Vous voici dans le vif du sujet.
Comme vous l’avez vu plus haut, vous êtes parti dans un processus complexe qui durera entre un et trois mois, et dont l’issue vous paraît incertaine.
Pour être sûr de démarrer votre « négo » dans les meilleures conditions, préparez vous avant d’y aller.
Mettez à plat vos motivations, évaluez vos chances et préparez votre plan de bataille.
Car si vos dons de stratège vous permettent de choisir vos batailles, votre tactique vous permettra de les gagner…
Même si cette question peut paraître idiote, il est préférable de vous la poser avant, plutôt que pendant votre négociation.
Car si vous-même ne savez pas ce que vous cherchez à obtenir, comment voulez-vous que l’on vous l’accorde ?
Or souvent dans le feu de l’action il s’avère que l’on n’est pas parfaitement conscient de ses motivations.
Pour vous aider dans cette démarche d’introspection utile, voici quelques suggestions.
A vous de choisir les cases qui vous correspondent :
- Vous n’en savez rien.
En fait, puisque tout le monde vous dit de « négocier », vous négociez.
- Vous souhaitez « pourrir la vie » de votre chef, ce salaud qui vous a si longtemps harcelé.
- Passer pour un con n’est pas votre genre.
Vous êtes victime d’une injustice, et vous considérez normal le fait que votre société en paie les conséquences.
- Une seule chose vous intéresse – partir avec le chèque le plus gros possible.
- Obtenir les meilleures conditions de départ (préavis, clause de non-concurrence…) et garder de bonnes relations avec votre ancien employeur.
Si vous êtes dans le cas a) ne perdez pas votre temps, car votre employeur se rendra vite compte de votre manque de motivation, et ne vous cèdera rien.
Votre manque de confiance viendrait-il de la mauvaise connaissance de vos droits ?
Parlez-en à vos proches en dehors du travail, ils vous donneront peut-être des conseils utiles.
Les cas b. et c. : La colère et l’orgueil motivent souvent des positions intransigeantes dans ce genre de négociation.
Dites-vous qu’il n’y a pas que le travail dans la vie.
Ceci vous permettra d’éviter des excès… et des regrets.
Enfin, partir en bon terme (autant que possible) et avec de bonnes conditions financières – c’est ce qu’on appelle un « comportement professionnel ».
Vous abordez votre négociation sous le meilleur angle.
Moins qu’on ne l’imagine, une négociation est tout de même un jeu de « quitte ou double ».
En termes de gain et de risque, avez-vous pensé aux enjeux de votre négociation ?
Ce sont exactement les mêmes questions que se pose (nécessairement) votre employeur.
Vous vous poserez cette question à deux reprises :
- avant de vous décider à contester votre licenciement,
- au moment de conclure un accord de transaction.
On constate un paradoxe : une grande partie des salariés renonce à toute contestation, alors qu’ils n’ont rien à perdre.
Quelques-uns de mes collègues ont été licenciés pour des motifs économiques, avec comme contrepartie les seules indemnités légales.
Pourtant, la société faisant partie d’un groupe puissant et en bonne santé financière, une action en justice pour contester les licenciements économiques était parfaitement envisageable.
La première question à vous poser lorsqu’on vous met à la porte est : Qu’est-ce qu’on m’a proposé de plus que le minimum légal ?
Si la réponse est « rien », bonne nouvelle – vous n’avez rien à perdre en demandant plus.
Les choses ne se compliquent que lorsqu’on vous propose déjà une indemnité transactionnelle.
Accepter ou prendre le risque de « fâcher » votre employeur ?
Une technique simple pour mettre au clair les enjeux de la négociation de part et d’autre, consiste à estimer vos gains.
On considère les deux issues possibles d’une négociation : transaction, ou conflit devant les Tribunaux.
Vous | Employeur | |
Licenciement non contesté | Vous évitez le conflit. - Aucun avantage financier. | Faible coût financier. - Règlement rapide et « sans vague » |
Transaction négociée | Indemnisation financière certaine. - Règlement rapide - Compromis financier. | Départ « sans vague ». - Règlement rapide. - Compromis financier. |
Conflit aux Prud’hommes | Longueur de la procédure. - Résultat aléatoire. - Stress - Mauvaise réputation | Complications administratives (Inspection du Travail, URSAAF…) - Mauvais climat social. - Résultat financier aléatoire. |
Il est facile de constater que, tout autant que votre employeur, vous êtes intéressés à ce que votre négociation aboutisse… « Ne jamais aller devant les Prud’hommes » me disait un ami habitué aux divorces mouvementés avec ses anciens employeurs.
En effet, pour diverses raisons le contentieux devant les tribunaux ne saurait être considéré que comme un dernier recours, ou plutôt comme un constat d’échec dans une négociation.
« Nous nous rencontrerons devant les Prud’hommes » : n’ayez plus peur d’entendre cette menace dans la bouche de votre employeur !
Il a au moins autant que vous à perdre dans un conflit devant la Justice.
Certes, un litige auprès du tribunal de Prud’hommes est toujours un constat d’échec pour l’entreprise.
Un DRH compétent ferait donc tout pour l’éviter.
Comptez-vous à cent pour cent sur la compétence de votre DRH ?
Une mise à pied sans motif sérieux peut coûter cher à une entreprise.
Si néanmoins demain on vous faisait partir sur-le-champ êtes-vous prêt pour vous défendre ?
Ca ne vous a jamais effleuré l’esprit, mais la photo qui a fait rougir tous vos collègues mâles a également atterri dans la boîte mail de votre patron, et il pense bien s’en servir…
Bref, en cas de « force majeure » êtes-vous prêt à assumer le pire ?
A moins d’être un joueur de poker averti, assurez-vous de votre capacité morale et financière d’assumer tout aléa lié à votre négociation, notamment un litige auprès des tribunaux pendant 2 ans.
Ceci, croyez-moi, vous donnera un supplément de force dans votre négociation.
Vous sentez le vent tourner, faite en douceur vos valises avant qu’il ne soit trop tard.
Dites-vous que le jour où vous n’aurez plus le badge d’accès, vous ne pourrez plus accéder ni à votre boîte email, ni aux comptes-rendus de réunions internes, ni même à la plupart de vos collègues.
Voici quelques réflexes utiles avant qu’il ne soit trop tard :
- Rapatriez vos affaires personnelles. Pensez notamment à vos anciens agendas : ils pourraient servir lorsqu’il s’agira de justifier votre travail au sein de l’entreprise.
- Faites une copie de tous les documents (emails, agendas électroniques, comptes-rendus de réunions, tableaux de gestion concernant votre productivité, règlements internes) qui peuvent vous être utiles devant un tribunal.
Bientôt vous n’aurez aucun accès à ces informations, et ne comptez pas sur vos ex-collègues une fois que vous êtes dehors.
- Mettez de côté les coordonnées de vos partenaires professionnels privilégiés, avec lesquels vous reprendrez le contact dans une autre vie professionnelle.
Naturellement, il ne s’agit pas de copier le fichier Clients de votre entreprise : ce serait illégal, et en outre très mal vu par les clients eux-mêmes.
- Créez-vous une boîte email personnelle (sur les serveurs gratuits comme Yahoo ou Gmail), et envoyez un message groupé à partir de cette boîte à tous vos amis, pour les prévenir du changement de votre adresse email.
- A partir de votre PC sauvegardez sur disquette ou CD tous vos documents personnels.
Le cas échéant, vous pouvez exporter vos favoris Internet, ainsi que votre carnet d’adresses électronique.
- Renforcez discrètement vos contacts avec les collègues que vous ne souhaiterez pas perdre de vue après votre départ.
C’est le moment d’inviter à la maison et de boire un verre entre amis après le travail…
- Soldez les journées RTT et les vacances que vous ne pourrez pas vous faire payer (renseignez-vous auprès de votre service RH à ce propos).
- Profitez pour la dernière fois des avantages que vous donne votre statut professionnel : mutuelle santé, billets gratuits pour l’opéra, chèques-vacances, abonnement réduit sportif, informations professionnelles réservées aux entreprises…
Soyez très discret et prudent lors de ce « déménagement ».
Notamment, évitez d’envoyer des documents internes par email, tout comme de croiser votre patron devant la photocopieuse avec votre paquet de feuilles estampillées « confidentiel ».
Par ailleurs, sachez que le fait de pirater votre réseau informatique pour copier la liste des rémunérations au service RH ne vous met pas en bonne posture devant un tribunal…
Vous ne pouvez donc utiliser que des documents qui vous étaient destinés.
Une question en Nos avocats vous répondent gratuitement | 83%de réponse |
Offre et délai minimum transmis par un avocat sur Alexia.fr au cours des 30 derniers jours dans au moins une région.