Le recours pénal : l'escroquerie au jugement
En cas de désaccord entre les époux, lorsque le juge doit fixer ou réviser le montant d’une prestation compensatoire ou d’une pension alimentaire, les époux doivent fournir une déclaration sur l’honneur certifiant de l’exactitude de leurs ressources, revenus, patrimoine et conditions de vie.
L’un des époux peut avoir l’idée de mentir sur ses revenus, soit pour obtenir une prestation ou pension, soit pour y échapper ou la diminuer. Si l’une des parties fournit une déclaration mensongère, cette manœuvre constitue un délit d’escroquerie au jugement. Ce délit est caractérisé lorsque l’un des conjoints fournit de faux documents, mais aussi lorsqu’il dissimule certains revenus (faute par omission). Le conjoint fautif encourt alors cinq ans d’emprisonnement de 375 000 euros d’amende.
Bon à savoir
La tentative d’escroquerie au jugement est également punissable, au même titre que lorsque l’escroquerie a été réalisée.
Le recours civil
Lorsque les revenus ou ressources déclarés par les époux dans les conclusions ou les attestations sur l'honneur ne sont pas conformes à la réalité, un recours civil en révision est possible.
Dans un divorce judiciaire, l'ex conjoint est considéré comme un tiers lésé par l’escroquerie, la première victime aux yeux de la loi étant le juge trompé. Il peut quand même le poursuivre au pénal pour escroquerie au jugement, et dispose également d’un recours civil. Il doit faire appel de la décision qui a fait l’objet de la tromperie. Le Juge aux affaires familiales étudiera à nouveau le dossier avec les véritables revenus du conjoint et pourra réévaluer le montant de la prestation compensatoire et de la pension alimentaire.
Dans un
divorce par consentement mutuel, si l'un des ex époux découvre l'existence d'un bien caché après le dépôt de la convention, il pourra demander le partage de ce bien. Si son ex-époux si oppose, ou s'il estime que son consentement a été vicié du fait de cette dissimulation, il pourra également saisir le juge pour forcer le partage et/ou contester la convention de divorce.
Pour fonder sa demande, il doit prouver la fraude ou le mensonge de son ex-époux. S'applique alors la règle de la liberté de la preuve : il peut user de tout moyen de preuve : lettre, message, témoignage ... Ce sera le juge qui pourra exiger ensuite la production de documents confidentiels, comme les bulletins de salaire.
Le recours civil sera plus rapide qu’une poursuite pénale. Il doit respecter un délai précis : à partir du jour où le conjoint trompé apprend la fraude, il dispose de deux mois pour faire appel.
Le conjoint lésé peut également demander des dommages-intérêts pour la réparation du préjudice subi du fait de l’escroquerie.
La preuve de la dissimulation de revenus : demander les revenus du conjoint au centre des impôts
Qu’un époux soit débiteur ou créancier d’une pension alimentaire ou d’une prestation compensatoire, il est en droit de connaître les revenus déclarés par de son ex-conjoint. Ce droit est en fait reconnu aux articles L111-1 et L111-2 du Livre des procédures fiscales.
Il faut alors se rendre au centre des impôts et demander à consulter ses revenus. Si vous êtes imposable dans le même département, votre pièce d’identité suffit à accéder à la consultation. Si ce n’est pas le cas, il faut vous munir en plus de la décision du Juge des affaires familiales ou de votre convention de
divorce avec attestation de dépôt chez un notaire pour justifier de votre droit à une pension alimentaire ou une prestation compensatoire. Il suffira ensuite de signer une demande de consultation de la liste des contribuables à l’impôt sur le revenu pour consulter la déclaration de votre ex-conjoint.
A retenir
- Lorsqu'un conjoint ment sur ses revenus au cours d'un divorce judiciaire, il peut être poursuivi pour le délit d'escroquerie au jugement, par le ministère public ou par l'autre conjoint.
- Le conjoint qui pâtit de cette tromperie bénéficie également d'un recours civil pour demander la révision du jugement.
- Le conjoint doit apporter la preuve de ses allégations. Il bénéficie de la liberté de la preuve : il peut apporter tout document ou autre moyen de preuve pour soutenir sa demande. Le juge pourra ensuite exiger d'obtenir des documents plus confidentiels.
- En tant qu'ex-conjoint, vous êtes en droit de consulter la déclaration de revenus de votre ancien époux, au centre des impôts. Il faut pour cela que vous soyez débiteur ou créancier d'une pension alimentaire ou d'une prestation compensatoire.